lundi, mai 29, 2006

Les élections parlementaires

Singapour est une démocratie. La politique est très autoritaire, certes, mais tous les quatre ans, le peuple et les partis divergents ont le pouvoir de s'exprimer. Après, c'est trop tard, il faudra attendre les prochaines élections, qui auront lieu dans... quatre ans. Et oui il n'y a qu'un type d'élections à Singapour, les élections parlementaires. Du parlement est élu le président, comme aux Etats-Unis en quelques sortes.

Le vote est obligatoire et l'abstention entraîne la radiation des listes électorales . L'électeur peut toutefois être réinscrit si son abstention est justifiée ou s'il paie une amende.

Ce 5 mai 2006, veille des élections, j'étais là. On avait senti une tension progresser au fil des semaines. Les partis de l'opposition au People Action's Party, la PAPauté de Singapour si j'ose dire, commençaient à s'organiser pour la campagne politique. D'habitude interdits sur la place publique, les politiciens ont fait leur devoir. Certains trop pressés se sont même faits reconduire des malls de certains quartiers, venant serrer les mains des citoyens un peu trop tôt dans la campagne au goût des policiers.
Mais si le PAP met tout en oeuvre pour limiter les actions politiques adverses (quitte à porter des procès contre eux), force est de constater qu'ils laissent le terrain libre finalement pour les meetings, où plus communément appelés rally.
Mon avidité me pousse à assister à un rally. Et comme il est assez exceptionnel d'entendre l'opposition, je me suis naturellement intéressé aux rallys de ces dernières. Un membre de l'administration de mon université m'a conseillé d'aller à celui du Worker's Party, l'un des deux partis d'opposition en lice pour arracher une tentacule à la pieuvre. En plaisantant, cette personne rajoute en levant les yeux "Oops, no camera? haha!" Un étudiant français baignant dans la psychose me déconseille d'y assister, n'ayant alors qu'un visa touriste. Bref, la tension est palpable, la démocratie semble avoir ses limites à Singapour et il ne parait pas bon de s'afficher contre le parti en place depuis l'indépendance.
J'ai pris le métro, après quelques verres de jus de pomme (la vodka devant l'accompagner étant trop chère) entre voisins, et je me suis rendu au stade indiqué.


Le stade était plein à craquer. Des applaudissements, des cris et des drapeaux s'animaient, le stade vibrait plus que lors d'un match de coupe du monde improbable à Singapour. Le discours était majoritairement en chinois, cependant une partie était en anglais. Les arguments, ainsi que le symbole d'un marteau jaune sur fond rouge du drapeau donnent la couleur. Sans être révolutionnaire, le parti remet en cause beaucoup de la politique singapourienne. Les singapouriens se lâchent, expriment leurs frustrations d'une ville ressemblant de plus en plus à Big Brother.
A mon retour dans le métro, j'étais troublé. A la vue d'un stade regorgeant de citoyens protestataires, étions nous à l'aube d'un changement sans précédent sur l'Île? Les sondages ne le prévoyaient pas.
En effet, le lendemain soir, après avoir dépouillé les bulletins de leur côté et vidé quelques verres du mien, les résultats avaient de quoi étonner par leur immuabilité: Le PAP conserve ses 82 siège, ainsi que le WP et le Singapore Democratic Alliance qui conservent leur unique siège respectif. Seulement, là où il y a quatre ans le PAP gagnait des sièges à plus de 75%, il ne les gagne plus qu'à 65%. C'est surtout la jeunesse, qui par ailleurs n'a guère cure de la politique, que les contestations se font sentir. Singapour, une prison dorée, où les quelques européens que nous sommes ramenons une part d'évasion par notre présence à leurs yeux.

Pour aller plus loin:
La politique Singapourienne par wikipedia
Disneyland with the death penality (enfin la source!)
Blog sur les élections, des idées politiques
Blog sur les élections, du media et des liens